November 23, 2018

Mon dernier hommage à Christian Pélier, écrivain et fondateur d'Univers d'Artistes











Un dernier hommage à Christian Pélier, écrivain et fondateur d'Univers d'Artistes.





















Cette nuit, un grand homme, humble et généreux, nous a quittés. Il me disputerait sans doute s'il savait que je suis triste. Il me rappellerait que c'est interdit de l'être, que je dois plutôt rire et danser! Je l'accepte, je suis heureux, j'ai eu une belle vie, qu'il a dit, avant de s'éteindre.








Petit homme deviendra grand.









Un amour inné pour les arts (1961).










Julien et Claire, ses plus grands chefs-d’œuvres.







Il m'observait de sa demeure à Marseille depuis un bon moment, discrètement, à travers ce monde virtuel qui peut aussi nous rapprocher parfois, m'analysant, appréciant mon travail artistique. Un jour, il m'a approché et m'a proposé d'écrire un article sur moi dans le magazine qu'il avait fondé avec amour et passion : Univers d'Artistes. Quel honneur!








Chez lui, avec Priscilla, sa belle-soeur.








Il m'a ensuite proposé de devenir éditrice pour ce magazine et du même coup, il m'offrait sur un plateau d'argent la forme d'expression dont j'avais besoin pour me sentir entière et épanouie en tant qu'artiste. Non seulement il me permettait de m'exprimer comme je voulais, quand je voulais, sur ce que je voulais, mais il m'offrait également la confiance nécessaire pour briser mes barrières et ainsi ouvrir enfin mes propres ailes.






Il savait qu'il était au crépuscule de sa vie et il a trouvé en moi sa jumelle d'art et d'écriture, comme il se plaisait à m'appeler. Au fil de nos échanges, de ses observations sur mes articles et mes textes, il a choisi de me confier le magazine, de l'administrer, de devenir rédactrice en chef, et ainsi permettre à Univers d'Artistes de continuer à exister et de mettre à l'honneur le talent d'incroyables artistes, même après sa mort. C'était son plus grand rêve.















Je n'y suis pour rien, c'est ton rêve d'écrire qui m'a appelé, belle Carolyn, et je te donne la clé. D'éditrice, journaliste d'art, tu deviens administratrice. Calme-toi, respire, prends la clé, elle est à toi. Elle est toute simple; c'est celle de notre bureau. Bienvenue à la maison. Il y a des photos par terre pour choisir la meilleure. Sur les murs, des cadres partout, des photos dédicacées. Mon bureau est dans une pagaille bien rangée, le tien est collé au mien, habille-le. Je t'épaulerai, c'est facile. Entre calmement et visite.








Je respecterai loyalement les dernières volontés de cet homme de cœur, d'une générosité sans borne, qui se voyait en moi et en qui je me voyais également. Il aimait la photographie, les arts, les mots pour en parler, mais surtout, les artistes et les créateurs derrière les œuvres qu'il partageait avec un enthousiasme contagieux.






C'est beaucoup pour mes frêles épaules, Christian, mais je vais essayer. Je vais essayer très fort, parce que tu me l'as demandé.





Il est devenu un ami précieux et aujourd'hui, c'est avec beaucoup de tristesse que je lâche sa main pour le laisser s'envoler. Ça ira, Christian. J'y arriverai. Tu m'as offert une belle boîte à outils bien garnie que je garde précieusement à côté de moi, à portée de main.






Tu m'as beaucoup appris et tant fait grandir en si peu de temps. Tu m'as offert le morceau de casse-tête qu'il manquait à mon entièreté. C'est un des plus beaux cadeaux qu'on ne m'ait jamais fait. Merci Christian. Merci pour tout, tout, absolument tout. Je ne t'oublierai jamais et je veux que tout le monde sache à quel point ta force et ta joie de vivre étaient admirables et touchantes.

















Après une formation en tourisme et en gestion d'entreprise, Christian a travaillé quelques années dans ces sphères. Suite à l'aggravation de la sclérose en plaques dont il souffrait, diagnostiquée en 2004, il a choisi de devenir écrivain et de partager sa passion et son savoir en enseignant l'écriture. La vie a fait en sorte de le rediriger là où se trouvait la place qui lui revenait de droit, là où il pourrait apporter beaucoup à ce monde. Il y était destiné.








Je vous présente ici un très touchant texte que Christian a écrit de son doigt... l'unique doigt qu'il lui restait, oui. Jamais il ne s'est plaint de quoi que ce soit. Et malgré cette contrainte énorme, il n'a jamais cessé d'écrire des textes magnifiques qui parlent directement à nos cœurs.







Un guerrier ne se plaint jamais. Soldat d'élite, j'irai au bout du bout de mon doigt.







Mon dernier édito. Peut-être tant d'artistes quittent la scène pour mieux y revenir...

Il ne me reste qu'un doigt pour écrire. Je me suis bien battu, mais cela n'aura pas suffi.

Je ne suis pas triste, je suis impatient qu'Elle me prenne dans ses bras et mette fin à mes souffrances.

Ma mission sur Terre se termine et je vais me poser sur une autre planète, plus accueillante, car j'ai purifié mon karma. J'ai eu une vie extraordinaire. J'ai parcouru le monde pendant vingt ans et réalisé des rêves que je ne me connaissais pas. J'ai même trouvé ma vocation et je continuerai à écrire de mieux en mieux, des mots de magie blanche, des mots d'amour. Je n'ai tué personne, j'ai sauvé quatre vies, j'ai respecté la nature et ses êtres vivants. Gabriel et Omaël m'ont laissé le temps de me pardonner mes erreurs, mes fautes et mes ressentiments, comme de leur pardonner les leurs.

La comédie se termine à présent. Trois p'tits tours et c'est déjà l'heure de s'en aller. Mon habit d'Arlequin (au sens figuré : un tout composé de parties disparates) est déjà rangé, alors je te dis Au revoir et surtout pas Adieu ni À jamais, juste Au revoir et merci, ça suffit.

Sans larme ni chagrin et sans autre richesse que la caresse de tes yeux sur mes mots, dans ce dernier édito, je te dis À bientôt.

Je te dis Au revoir et À la prochaine planète, car dans un autre temps et d'autres lieux, nous nous retrouverons.

Voilà, c'est fini. Je voulais te dire Au revoir. Te dire Au revoir et Je t'aime.

Tendrement,

Souriant,

Chris










Repose en paix mon cher ami. Nous t'aimons tous beaucoup.









Ses livres :











Je ne suis pas raisonnable

Je ne suis ni conforme, ni conventionnel

Je ne mange pas comme il faut

Je ne dors pas quand il faut

Je fais rien comme il faudrait

Je me tais quand il faudrait parler

Et commente ce qui doit être tu

Je n'ai aucune conscience de l'âge

N'assure pas mes arrières

Ne crois en aucune patrie

N'ai fait aucune guerre

Et n'en appelle aucune

Je ne suis pas la mode

Aucun système ne me va

Je me fous de l'institution

Et ne crois plus aux dieux

Je ne suis pas fort

Je ne suis pas grand

Je ne fais pas de sport

Et je hais le foot

Durant l'Inquisition, on m'aurait brûlé

Pour tout ce que je clame

Mes mots pour notre liberté

Pinochet m'aurait fusillé

Staline, déporté

Hitler, gazé

Et Bush me punirait

Pour ma sincérité

Dans ma société, je suis paumé

J'ai dû me tromper d'époque

Peut-être dans mille ans d'ici

Aurons-nous enfin compris


         
       - Christian Pélier












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